Dans un livre très documenté, Célia Izoard nous explique tout d’abord de manière très pédagogique le fonctionnement des mines, qui exploitent les humains et détruit leur conditions de subsistance (eau, air, terre, faune, flore).
La mine responsable
La moindre amélioration, qui n’est bien souvent qu’une mise en conformité avec des règlementations déjà existantes, qualifie alors la mine de “Responsable”.
La journaliste et philosophe nous montre dans cette ouvrage l’impérialisme des occidentaux qui considèrent devoir reprendre le pouvoir sur la nature pour retrouver le paradis terrestre. La nature est alors vue comme une ressource qu’ils doivent maitriser et exploiter. Il s’agit donc d’aller trouver le Trésor, soit la promesse de l’accumulation des richesses qui va permettre à l’homme de se libérer du travail. Cette vision biblique a mené les Européens à explorer de nouveaux territoires dès le XVe siècle à la recherche de ces trésors et a conduit à la colonisation et aux génocides des populations autochtones.
Le mythe de la transition
Alors que la demande en métaux augmente sans cesse, un nouvel argumentaire apparaît pour convaincre les populations de l’utilité des mines : “La Transition”. Il s’agirait de remplacer les énergies fossiles par des “énergies propres”. Or rien ne permet d’affirmer que ces nouvelles énergies vont se substituer aux précédentes (c’est plutôt le contraire) mais en plus, elles justifient l’augmentation des besoins miniers, car cette transition énergétique reporte les énergies fossiles sur les métaux.
La mine locale
Un autre argument serait de relocaliser les mines car les régulations européennes seraient plus strictes. L’autrice nous montre qu’il n’en est rien. Au contraire, les règlementations Européennes ont tendance à s’assouplir pour permettre ses projets. Loin de remplacer l’importation de métaux, ces mines locales servent avant tout la croissance économique et l’accaparement des ressources avant les autres.
Le numérique joue un rôle important dans l’essor de ce discours sur la mine responsable. Par un tour de magie improbable, la “transition numérique et écologique” est apparue, regroupée en une seule car il est entendu que le numérique est immatériel et contribue à l’écologie. Il s’agit d’une “hallucination collective” sur le “paradis d’abondance” de notre société post-industrielle tertiarisée. Alors qu’en 20 ans nous avons produit des milliards d’appareils électroniques contenant plus de 50 métaux chacun, on parle encore de “dématérialisation”. Mais comme ouvrir des mines pour le numérique, l’aviation ou l’armement n’est pas très vendeur auprès des populations locales, la “transition verte” a fait son apparition dans une confusion sciemment entretenue.
L’optimisation ne suffit plus
La “décarbonation” nous fera donc ravager la planète bien avant que le pic de production de ces métaux soit atteint, il est alors primordial de s’intéresser au sujet de la décroissance, y compris numérique. L’optimisation ne suffit plus, les ingénieur·es sont les héritier·es de cet impérialisme extractiviste et doivent faire sécession rapidement pour arrêter cette course folle et commencer le sevrage.
Nous devons réduire l’activité aux fonctions essentielles de subsistance et de vie sociale. Mais comment y parvenir?
Si vous souhaitez qu’on en discute ensemble, n’hésitez pas à me contacter